2 novembre
Comme nous étions le 2 novembre, jour qui dans la tradition chrétienne célèbre la fête des morts (c’est d’ailleurs pour ça que cette période voit des parterres de chrysanthèmes dans les cimetières), rien de tel que d’aller faire un petit tour dans les catacombes. Ce mot vient du grec κατα (de haut en bas) et τυμβος (tombe), avec bien sûr un petit passage par le latin pour trouver son C central : en effet, la racine cumbere signifie « être couché ». Les catacombes romaines sont donc des endroits où l’on enterrait les morts, d’abord les Etrusques, les Juifs, et puis les Chrétiens dans les premiers siècles PCN.
Le trajet aller et ses émotions
On quitte le camping vers 9h30 pour le bus qui doit nous amener au métro. Incroyable ce métro : une fréquence de maximum 3-4 minutes et souvent moins de 2 pour filer sous terre. C’est ce jour-là que j’ai vraiment réalisé ce que je savais déjà intellectuellement. Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi Rome n’a que deux lignes de métro alors que Paris en a… je ne sais pas combien ? Tout simplement parce que quand on creuse à Rome, on tombe toujours sur des vestiges archéologiques. On doit donc arrêter les travaux, faire des fouilles et les reprendre après avoir examiné le tout ; ça prend un temps fou !
Après un rapide trajet souterrain, on s’engage dans la Viale delle Terme di Caracalla. C’est une belle avenue ombragée qui commence au bout du Circus Maximus en longeant des bâtiments de l’ONU et les termes de Caracalla. On cherche l’arrêt de bus 118, mais comme cette avenue est extrêmement large avec plusieurs rues séparées par des couloirs d’arbres, on n’a tout simplement pas vu le premier. Le bus nous a dépassé entre les deux arrêts… et nous avons été bons pour 50 minutes d’attentes, de quoi foirer tout le programme de la journée.
Ensuite, quelle émotion ! Enfin, surtout pour un prof de latin, parce qu’au vu des nids de poule, le confort, lui, s’en ressentit assez fort. Mais se promener sur la Via Appia, ça, c’est ce qui s’appelle remonter le temps ! Principale voie d’accès à Rome depuis le sud, elle en vit passer des événements au long de sa vie. Un des plus abominables fut sans nul doute la crucifixion de 6000 esclaves qui s’étaient révoltés à la suite de Spartacus en 70 ACN. D’ailleurs, si vous n’avez jamais vu le film du même nom, je vous encourage à le visionner, il en vaut vraiment la peine… même si c’est parfois dur.
Les catacombes
On arrive enfin aux catacombes de Saint Sébastien. Pourquoi celles-là ? Parce que mes beaux-parents en avaient déjà visité d’autres, et que les dernières étaient plus difficilement accessibles en bus. Eh non, le programme n’était pas entièrement dicté par la recherche scientifique.
La visite, en français s’il vous plaît, commence par une longue descente d’une cinquantaine de mètres sous le niveau du sol. Escalier abrupt, froid et noir. On s’enfonce. La guide précise d’emblée qu’au tournant suivant, une porte permet de remonter si on ne se sent pas bien dans cet environnement étriqué. Une de mes belles-soeurs s’empresse de la franchir ; nous la retrouverons dans l’église à la surface.
Vous refaire la visite en détail ? Oh que non, impossible ! Ce qui ressort de là, c’est d’abord une ambiance, celle d’un cimetière, mais non pas le fait d’aller ou d’être « au » cimetière, mais bien d’être « dans » le cimetière. Même si au départ je trouvais un peu pénible que les visites soient obligatoirement groupées et à des heures fixes – cela nous a d’ailleurs valu une nouvelle attente en arrivant -, j’ai vite compris qu’il était préférable de ne pas y vagabonder tout seul.
C’est ensuite de l’observation. C’est fou ce qu’il pouvait écrire ou dessiner sur les murs. La guide nous a notamment expliqué le symbole chrétien du poisson qui revenait souvent, ou les textes lacunaires, ou bien pourquoi telle tombe est plus petite que telle autre.
C’est enfin un formidable parcours historique. Avec les différentes strates géologiques, on parcours les différents âges du lieu. Certains endroits sont de simples couloirs, d’autres sont des cryptes entièrement décorées, certains n’étaient pas connus au départ et se sont retrouvés par hasard annexés à ce grand dédale de galerie. Il y a même une véritable chapelle avec un autel d’où part chaque année une procession.
Le trajet retour et ses surprises
Après de belles frayeurs pour reprendre le bus en sens inverse (eh oui, la voie Appienne est à sens unique !), on se retrouve devant les termes de Caracalla. Comme j’écris le soir et qu’il est déjà tard, je vais faire court : c’était fermé le lundi après-midi !
Grosse déception et nous décidons donc d’avancer jusqu’au Colisée au bout de la Via di San Gregorio. Comme j’écris encore et toujours le soir et qu’il est encore un peu plus tard, je vais faire tout aussi court : le Colisée est fermé à partir du coucher du soleil. C’est vrai qu’avec les bus, on a perdu pas mal de temps. Cela dit, un rapide coup d’oeil à ma montre m’indique l’heure phénoménale de… 15h30 !!! Eh oui, dans le sud le soleil tape fort, alors on ferme tôt !
Après 50 mètres sous terre, on aurait bien aimé gravir la cinquantaine de mètres de cet emblème éternel… Enfin, on ne fait pas ce qu’on veut ! Après une photo souvenir pour envoyer aux grands-parents, on reprend donc le métro pour une soirée animée autour d’un bon vin et d’un petit Limoncello de circonstance.
A demain !