La montée au Capitole
Après la colonne trajane, nous avons fait les choses un peu à l’envers. Plutôt que de passer en triomphe sous l’arc de Titus pour parcourir tout le forum, nous sommes d’abord montés au Capitole. Pendant qu’on était en train de se demander si l’escalier qui monte à l’église Sancta Maria in Aracoeli avait un passage avec celui qui monte à la place du Capitole, les enfants s’amusaient à courir derrière les pigeons sur la place d’en face. Par pitié pour eux, on ne monta qu’au Capitole, sur cette belle place entièrement dessinée en étoile par Michel-Ange. Celui-ci la tourna résolument vers la ville moderne, alors que dans l’Antiquité, elle était le centre de toutes les attentions.
La pauvre Tarpéia... si proche des Césars
Imaginez ! César parcourant tout le forum pour se diriger vers le temple de la triade capitoline (les 3 premiers grands dieux romains) : Jupiter, Junon et Minerve. C’est aussi l’endroit au sommet duquel se trouvait la roche tarpéienne. Quésaco ? Tarpéia n’était qu’une jeune fille romaine. Mais lors de la guerre entre les Romains et les Sabins, elle eut le tort d’aller se promener seule un peu trop loin. Rencontrant alors « par hasard » des guerriers sabins, ceux-ci l’emmènent chez leur chef Tatius avec lequel elle passe un accord : ouvrir la porte de la citadelle romaine en échange de… « ce qu’ils portaient au bras gauche ». Même si les motivations de Tarpéia ont été interprétées différemment (on s’en rend compte en comparant les historiens Florus et Tite-Live), lorsqu’elle demanda sa récompense après sa trahison, elle qui pensait obtenir les beaux bracelets en or des soldats ne reçut… que des coups de boucliers en bronze sous le poids desquels elle mourut rapidement.
La roche tarpéienne... si proche du Capitole
Ne manquons jamais de préciser que « Arx Tarpeia Capitoli proxima » à ceux qui auraient tendance à faire éclater le col de leur chemise ! En effet, c’est de ce rocher, en souvenir de l’histoire de Tarpéia, que les Romains précipitaient leurs condamnés à mort. A la sortie arrière de la place se trouve la fameuse statue de la louve. Encore aujourd’hui les Romains la connaissent bien ! Elle est un fameux emblème pour eux…
Ad forum
De là, nous redescendons vers la Via dei Fori Imperiali pour prendre nos tickets pour le forum. Point de vue pratique, ce ticket est aussi valable pour le Colisée et la colline du Palatin, mais il est plus rapide de le prendre au forum parce que la file est nettement moins longue qu’au Colisée. En plus, comme il est valable deux jours, on peut continuer le lendemain sans problème, ce que nous avons d’ailleurs fait. Et ensuite, c’était déjà le temps de la pose de midi. Le temps passe vite avec des enfants, et la marche s’en ressent. Mais quel plaisir de croquer son sandwich et son saucisson assis sur des pierres datant d’il y a plus de 2000 ans ! On s’imagine alors cet endroit noir de monde les jours d’affluence, les gens venir écouter les discours de Cicéron, s’enflammer suite à une décision du sénat ou admirer le cortège d’un général couvert de gloire.
Le repas fini, nous reprenons notre route au travers des temples (celui d’Antonin et de sa femme Faustine, celui de Castor et Pollux ou encore de Vesta), des basiliques, des arcs et de la maison des Vestales. Dans cette dernière, adossée au mont Palatin, il faut d’ailleurs un sérieux effort d’imagination pour se représenter la vie qu’avaient ces femmes hautement respectées à l’époque. Elles avaient été choisies entre l’âge de 6 à 10 ans par le Pontifex Maximus et devaient servir le temple de Vesta, notamment en y entretenant un feu jour et nuit et en restant vierges. Leur sort en cas de manquement à cette virginité consistait à être enterrées vivantes, comme ce fut le cas pour la célèbre Rhéa Silvia, la maman de Romulus et Rémus.
Nous terminons la visite de ce centre religieux, politique judiciaire et économique en passant par la basilique de Maxence. Alors là, si vous n’avez pas idée de la grandeur d’un bâtiment romain, c’est là qu’il faut aller ! Enorme ! De ce qu’on y voit encore, on devine facilement le gigantisme que cela devait être. Elle servit d’ailleurs de modèle pour la basilique Saint-Pierre au Vatican, tant il est probable que ce fut la plus grande salle construite dans l’Antiquité.
Une "entrée" impériale
L’arc de Titus nous offre une sortie impériale. Enfin, ça aurait dû être l’entrée puisque c’est par là que les généraux vainqueurs passaient en triomphe après leurs victoires. Mais de toute façon on passe à côté et pas en-dessous ;-( Mais le décor est quand même là. Il faut dire qu’avec les richesses pillées au temple de Jérusalem, il y avait de quoi lui faire un bel arc après sa mort ! Pour ceux qui ont de bons yeux : essayez de repérer le chandelier à 7 branches sculpté dessus. C’est le symbole du judaïsme.
Et la uia sacra (ou plutôt ces sacrés pavés !) nous mène maintenant vers le symbole de Rome… dont je vous parlerai la prochaine fois.