Arrivés au bout de la rue, on demande aux enfants de prendre leur petit carnet et de bien regarder autour d’eux. Sur une des pages, ils doivent entourer tous les animaux que nous croisons pendant le voyage. Aux inévitables, pigeons, chats et chiens rencontrés un peu partout, s’ajoute cette fois-ci un animal de taille. En dessous de l’obélisque égyptien de la place de la Minerve, il y a, devinez quoi, un éléphant. Mais évidemment, il faut penser à regarder une statue plutôt qu’un animal réel : ça développe leur observation !
Initialement prévu pour être placé près du champ de Mars, il fut déplacé là au XVIIe siècle et c’est Le Bernin qui réalisa le socle en marbre en forme d’éléphant pour le supporter. Cet éléphant est la représentation d’une gravure se trouvant dans un livre (« Le songe de Poliphile ») que le pape Alexandre VII possédait, livre datant du XVe siècle qui raconte un combat d’amour en songe.
Trompe-l'oeil
Nous décidons de ne pas rentrer dans l’église se trouvant sur la même place. Cela nous retarderait et nous avons fort envie d’aller tourner de l’oeil… à Saint-Ignace. Késaco ? Quelques rues plus loin, on l’aperçoit. Elle, c’est l’église Saint Ignace, du nom du fondateur des Jésuites. Construite quelques années après sa canonisation, vers 1630, elle est célèbre pour son plafond en trompe-l’oeil. Lorsqu’on lève la tête dans la nef centrale, on est tout de suite aspiré vers le haut. On pense que ce sont de vraies colonnes qui s’ouvrent sur le ciel, mais c’est simplement l’art de la perspective dans le dessin. C’est tout simplement époustouflant ! Pensez donc : 16 m de large sur 36 m de long ! Et il n’y a que d’un seul endroit où l’on peut voir cette immense fresque dans le bon angle de vue. Je ne vous dis pas où, c’est à vous de trouver !
Bien que plus petit, il y a un autre trompe-l’oeil tout aussi dingue : la coupole centrale. D’après une légende, les gens du quartier ne voulait pas d’une coupole qui limiterait la luminosité et ferait de l’ombre. C’est pourquoi, Andrea Pozzo en fit une sans en faire. De loin, on jurerait qu’il y en a une comme à Saint-Pierre, à tel point qu’on ne pense plus à lever la tête une fois arrivé à la croisée des transepts. Et pourtant, il faut le faire !
Au carrefour des trois chemins
Comme nous avons commencé cette belle journée du dimanche près de la célèbre fontaine de la place d’Espagne, nous la terminons par une autre encore plus célèbre : la fontaine de Trevi représentant le char de Neptune tiré par des chevaux et des tritons. Comme promis un peu plus tôt aux enfants, nous nous arrêtons chez un glacier pour manger notre première glace italienne… visiblement appréciée à sa juste valeur Cela nous remonte un peu le moral d’arriver devant la fontaine… pour ne pas pouvoir en approcher. Les travaux de restauration sont sur leur fin, mais tout est encore cadenassé. Et sans eau, c’est triste, une fontaine !
En bons latinistes, nous ne manquons pas d’expliquer aux autres qu’elle est encore actuellement alimentée par un aqueduc romain. Excusez du peu ! Vous croyez que nos canalisations de plomberie seront encore là dans 2000 ans ? Personnellement j’en doute ! Mais les Romains avaient une vision à long terme (ou long therme ? ; ah non, ici ce n’est qu’une fontaine !) et l’Aqua Virgo construit en 19 ACN coule encore… ou, en tout cas, devrait…
Et comme on apprend tous les jours, c’est à ce moment-là que j’ai réalisé d’où venait le nom de cette fontaine. En réalité, Trevi est la déformation des mots latins tres et uia (trois et chemin) en référence aux trois antiques rues qui arrivaient à la place. Merci à ma petite femme qui en sait des choses !
Fouillant dans notre porte-feuille à la recherche de quelques petites pièces, les enfants eurent un peu du mal à les lancer à cause des barrières. Reviendront-ils quand même à Rome ? Je le leur souhaite. J’imagine que ce fut le cas de pas mal de monde, et que la ville fit moins de recettes pendant les travaux. Figurez-vous qu’en temps normal, on y ramasse à peu près 2000 euros par jour !!! Je vous laisse faire le calcul à l’année… Dernière étape ? Le métro, avec une petite écroulée dans sa poussette et un plus grand endormi sur mon épaule pendant presque tout le retour. Ce fut une journée bien remplie, mais oh combien riche !